Nuit à Lausanne

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Espace-temps longtemps négligé, la nuit s'est invitée dans l'actualité du jour pour le meilleur comme pour le pire. Depuis quelques années, les pressions s'exercent sur l'autre côté du jour. Colonisée par les activités diurnes, mais également par un déploiement d'évènements festifs et une offre culturelle particulière, la nuit est désormais un espace sous tension : les conflits se multiplient entre la ville qui dort, qui travaille, qui s'approvisionne et qui s'amuse.

Partout dans le monde, la nuit devient un chantier pour les acteurs privés et pour les politiques publiques avec des innovations technologiques, notamment pour l'éclairage, des avancées sur le plan informatif, mais également concernant sa  gouvernance avec des « États généraux », des « Conseils de nuit », voire des « Maires de nuit », tout comme des décalages d'horaires dans les services publics et des transports.

Outre les conflits d'usages et de gestion qu'impliquent les activités nocturnes, nous pouvons voir apparaitre des préoccupations liées à la dimension écologique et sanitaire de l'éclairage public. Les tensions sur l'énergie et la pollution lumineuse conduisent de nombreuses villes à imaginer les conditions d'une lumière plus sobre et moins néfaste à la biodiversité.

Repenser la présence de l'éclairage public dans nos rues nécessite de disposer d'informations sur l'environnement, la lumière, la perception, les paysages, l'habitat, les modes de vie, mais également les pratiques sociales. Pour ces raisons, lorsqu'il s'agit de comprendre les effets des mesures de réduction de l'éclairage public, nous devons dépasser le simple traitement de données et y mêler une réflexion sociale, écologique, mais surtout politique.

Ce séminaire a pour objectif d'offrir des outils pour saisir la diversité des nuits de Lausanne.  Pour cela, notre principal outil de travail sera le nouveau plan lumière de Lausanne, qui cherche à réduire de 50% son éclairage public d'ici 2033. À partir de ce cadre pratique, nous amènerons des éléments de compréhensions aussi bien techniques que théoriques afin d'éclairer cette thématique d'une pluralité de point de vue et de faire découvrir la complexité de penser à cette temporalité, encore souvent oubliée. Cette semaine se déroulera en collaboration avec les acteurs locaux de la nuit, et notamment avec les Services Industriels de Lausanne (SIL), largement impliqué dans la mise en place du plan Lumière II de Lausanne.

En partant du plan lumière II de Lausanne, cette semaine ENAC propose d'aborder plusieurs axes :

1. Explorer de manière interdisciplinaire les nuits de Lausanne
2. Dresser un état des lieux des nuits à l'aide des partenaires locaux et d'une traversée nocturne
3. Imaginer ensemble des pistes pour le futur des Nuits de Lausanne
4. Exposer et mettre en débat ces premières propositions avec les acteurs locaux

Méthode

Nous nous appuierons sur la méthode des traversées nocturnes pour expérimenter les nuits de Lausanne.

Les méthodes de traversée nocturnes consistent à arpenter la nuit par groupes de 5 à 10 personnes suivant des itinéraires définis à l'avance. L'objectif de cette traversée est de permettre la rencontre avec les personnes vivant la nuit, mais également de consigner nos impressions et ressentis. Pour cela, chaque membre du groupe dispose d'un carnet de route avec notamment une grille d'entretien. Ces traversées permettent d'éprouver la nuit et d'établir des passerelles entre la ville qui dort, qui s'amuse, se déplace et travaille. Elles permettent d'appréhender la pluralité des nuits et d'établir une radiographie sensible avant d'affiner quelques pistes pour une ville plus accessible et hospitalière[1] (Gwiazdzinski, 2006).

[1] Gwiazdzinski, L. (2006). Les traversées nocturnes.