Le projet du confort dans l'architecture du XXe s.

Matériaux et techniques novateurs, mais aussi systÚmes et procédés industriels inédits : si la «révolution constructive » qui s'opÚre au XXe siÚcle est amplement reconnue par l'histoire de l'architecture, les dispositifs du confort, qui en font pleinement partie, restent un thÚme le plus souvent négligé, pour ne pas dire simplement ignoré. Et pourtant, les dispositifs passifs et les dispositifs actifs jouent une relation de véritable interdépendance dans le bâti : gaines savamment mises en couleur qui participent à  l'™expression des intérieurs « brutalistes » ; serpentins d'eau chaude incorporés dans l'épaisseur du plancher confortant la conception du « plan libre » ; aérothermes et radiateurs qui se transfigurent en partitions ou alors disparaissent dans les interstices des enveloppes. Dissimulés, incorporés, ou alors exposés, voire littéralement mis en scÚne, ces réseaux de chauffage, ventilation, conditionnement de l'€™air qui sont paradoxalement encombrants mais souvent invisibles, méritent une nouvelle considération comme des éléments réellement structurants, et non pas – et oh combien à tort –“ comme des simples composants rapportés, voire accessoires.

Les hypothÚses des pionniers, de James Marston Fitch à Reyner Banham, demeurent d'€™une impressionnante pertinence ; saisir les implications du « projet du climat » dans le « projet d€'architecture » par une lecture transversale située à la croisée du sensible et du matériel, ouvre des voies d'interprétation extrêmement significatives de l'architecture moderne et contemporaine. Structuré autour de quelques thÚmes fondateurs de cette production d'€™envergure –€“ de l'€™industrialisation du bâtiment, aux notions de légÚrété et transparence – ce panorama permet aussi de cerner les raisons culturelles du « design du climat » et du contrÎle artificiel de l'ambiance intérieure, une pratique qui traverse le XXe siÚcle et influence trÚs directement la conception architecturale autant que sa mise en oe“uvre matérielle, les deux aspects étant indissociables.

Qu'€™il s'€™agisse d'une démarche qui souhaite exploiter le potentiel environnemental du bâti dans son contexte, ou d'une approche raisonnée qui tire parti des sources renouvelables grâce à une panoplie de dispositifs passifs économes en énergie, les expérimentations menées au siÚcle passé gardent une actualité certaine. Également, les nouveaux paradigmes d'économie d'énergie démontrent la centralité de la notion de bien-être matériel dans sa nouvelle acception de « confort global ». Ils seront traités en relation à la question – cruciale – de l'adaptation du bâti existant aux standards actuels par des interventions ciblées sur les installations techniques.